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La lettre du

Comité Berryer

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En 2018, en ce cent-cinquantième anniversaire de sa mort, comment ne pas évoquer la mémoire de Pierre-Antoine Berryer, avocat et homme politique au verbe fascinant, homme d’honneur aux convictions solides, familier des grands mais jamais courtisan ?

Le comité Berryer salue la création de ce site et remercie chaleureusement Maître Michel Pierchon, lauréat de l’Ordre, avocat spécialisé en droit social à Montpellier, pour ce travail de recherches historiques dont les linéaments avaient été esquissés lors de son discours de rentrée solennelle des avocats.

 

Il y a un siècle et demi, Maître Bedarride, Bâtonnier de l'Ordre des avocats de Montpellier, disait dans son discours de rentrée, à propos de Berryer qui venait de mourir : « Que l'éloquence judiciaire se voile de deuil, sa plus grande personnification vient de s'éteindre (…). Devant cette grande gloire, on a vu s'incliner des hommes de tous les partis »1 ; en effet, Jules Ferry, adversaire politique du grand avocat, a pu dire : « La postérité mettra Berryer à son vrai rang dans ce grand parti de la parole libre qui se recrute à travers l'histoire parmi les âmes les plus fières de tous les pays et de tous les temps ».2

 

Pierre-Antoine Berryer est né à Paris le 4 janvier 1790. Le 30 avril 1797, il rentre au collège des oratoriens de Juilly3 jusqu’en 1806. Après des études de droit, à son père qui lui offre d'entrer au Conseil d'État, il répond : « Non, je veux être indépendant, je serai ce que vous êtes, je serai avocat. »4 Très vite, son activité s'étendra au-delà du Palais. Sa vie d'avocat et d'homme politique reflètera ses idées que sa grande éloquence lui permettra de soutenir brillamment.

 

Le Figaro du 20 janvier 1879 relatait en ces termes l’inauguration du monument élevé à la mémoire de l’avocat Berryer : « C'est aujourd'hui, à midi, que doit être inauguré le monument élevé à Berryer dans la grande salle des Pas-Perdus du Palais de Justice. On sait quels obstacles a dû vaincre la commission pour arriver à cette inauguration solennelle, dont la République ne se souciait guère, et que le gouvernement semblait redouter, comme si l'hommage public au désintéressement et à la fidélité eût été une ironie à l'adresse des maîtres du jour. Mais l'opinion a été plus forte que la répugnance démocratique et sociale ; la protestation du petit-fils de l'orateur a rencontré un chaleureux écho dans toutes les âmes, et le ministère a dû se résigner à laisser le barreau, la magistrature et l’Académie honorer la mémoire d'un des hommes qui ont personnifié avec le plus de grandeur morale l'éloquence humaine. Quelle carrière que la vie judiciaire de Berryer ! Durant plus d'un demi-siècle et sous les régimes les plus divers, on le vit défendre avec un égal dévouement toutes les causes généreuses et tous les intérêts opprimés, qu'il s'agît de princes ou d'ouvriers, de puissants ou d'exilés ; et s'il avait une préférence, c'était pour les pauvres gens, dont il refusait l'argent après leur avoir sauvé la vie et l'honneur. »

 

"Pendant cinquante-huit ans", poursuit le journaliste,"Berryer n'a jamais voulu être autre chose que l’avocat des nobles causes, des infortunes imméritées, de la vérité, de la liberté, de l'honneur. On lui a offert des portefeuilles, des dignités, des cordons, tout ce qui peut tenter l'orgueil et l'ambition des hommes ; il a tout refusé, tout écarté, pour rester fidèle à sa vieille robe d'avocat, à la barre, à sa fière et jalouse indépendance. Berryer ne quitta pas un jour sa robe et elle a été ensevelie avec lui, cette vieille robe usée, dans son cercueil", en 1868.

 

 

Notes :

 

1. Bedarride Israël, Discours, Montpellier, 26 janvier 1869

2. Ferry Jules, « M. Berryer », in Le Temps, Paris, 1er décembre 1868

3. Il y a été précédé, bien avant la Révolution, par Louis de Bonald (1754-1840). Il a notamment pour condisciples Jérôme Bonaparte et Christian de Chateaubriand

4. Lecanuet Edouard, Berryer, sa vie et ses œuvres (1790-1868), sixième édition, Paris Bloud et Barral, 1900, p. 18

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