Berryer
Hommage et héritage
Le 7 décembre 2018 à Augerville
Le 7 décembre 2018 , la commune d'Augerville-la-rivière et le comité Berryer 2018 se souviennent qu'il y a 150 ans Pierre-Antoine Berryer achevait son parcours au chevet de l'église "Expecto donec veniat immutatio mea" (dans l'espérance de la résurrection). Le 12 décembre 2018, L'Hérault Juridique relatait cet évènement.
En 1868, la France entière et l'Étranger s'émeuvent à l'annonce de la mort de Berryer, le 29 novembre, à Augerville-la-Rivière. Tous les journaux français expriment le deuil de la Nation et, à Montpellier, Le Messager du Midi et L'Union Nationale lui consacrent plusieurs articles.
Excepté l'Empereur, tous ceux que Berryer a défendus, des princes aux plus humbles, assisteront ou seront représentés à ses funérailles qui rassemblent plus de 3000 personnes le 7 décembre 1868. Les voyageurs affluent à Augerville et les trains ordinaires venant de Paris sont insuffisants. Il faut établir deux trains supplémentaires à partir de Paris"Il y a tellement de monde que l'on trouve des gens agglutinés sur le toit d'une maison et sur le toit d'une grange !"1.
Sur le cercueil, pas d'emblème officiel, pas la moindre décoration, rien que sa robe.
Quelques jours avant sa mort, Berryer disait de ses confrères : « Je les ai bien aimés, ils m'ont aussi bien aimé ». D'émouvants discours répondent à cet adieu et notamment celui du Bâtonnier Jules Grévy en ces termes : « M. Berryer était le prince du barreau français [..]. M. Berryer excellait dans tous les genres. Un esprit net et pratique, une dialectique vigoureuse et serrée, une rare intelligence des affaires, faisaient de lui un avocat consommé ; et nous avons vu avec quelle vigueur d’esprit, quelle sûreté de mémoire, quelle lucidité de pensée et d’expression, il plaidait jusqu’aux derniers jours de sa longue carrière les procès les plus compliqués de faits et les plus hérissés de chiffres.
Mais, c’est surtout dans les grandes causes qu’il déployait toutes les magnificences de son talent : la belle ordonnance du plan, la fermeté du dessin, l’élévation des pensées, la noblesse des sentiments, et, par-dessus tout, la splendeur d’une incomparable éloquence […] partout il subjugue, il transporte ses auditeurs par la véhémence de son action et par ses traits de feu qui sont la manifestation sublime du génie de l’éloquence »2.
Tous les partis témoignent de leur attachement au disparu. Jules Favre écrit : « Animé de convictions qui, souvent, semblaient hostiles (à celles de Berryer), placé dans un camp qui échangeait des défis avec le sien, je n'ai pu que peu à peu écarter ces obstacles et lui donner une affection aussi sincère que l'avait toujours été mon admiration.
C'est là le trop fréquent résultat des divisions politiques ; en nous empêchant de nous rapprocher, elles nous condamnent à être injustes les uns vis-à-vis des autres, et quelquefois nous nous étonnons de notre erreur quand il n'est plus temps de la réparer »3
Ferme dans ses convictions, Berryer n'a jamais connu la haine, et, à la Tribune, son humanisme profond lui a dicté ces paroles : « si nous ne portons pas, chacun de nous, dans l'esprit de ceux qui nous écoutent, la conviction que, de quelques points de l'horizon politique que nous soyons venus ici, nous y sommes venus dans une seule, dans une même et sainte pensée. S'il faut interroger nos origines et, sur les origines seules, juger toutes les opinions qui sont portées à cette Tribune, il ne reste plus qu'à nous compter, les discussions inutiles. »4
Berryer laisse une œuvre monumentale, ses discours parlementaires, 5 tomes et ses plaidoyers, 4 tomes.
Notes
1. Le petit Journal de 7, 8 et 9 décembre 1868 ; l'Illustration ; Thierry Bayle, Augerville-la-Rivière, Roman d'un chateau, 2016
2. Berryer, Hommages rendus à sa mémoire, Paris, La Gazette de France, 1869, p. 51 et s.
3. L'Électeur, in Le Messager du Midi, 6 décembre1868
4. Berryer, Pierre- Antoine, Œuvres de Berryer. Discours parlementaires, 5 tomes, Paris, Émile Perrin, 1885, IV, p. 239