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L'avocat

Sous la Restauration, Berryer est, avant tout, avocat. Il conquiert vite le premier rang parmi ses Confrères qui l'apprécient unanimement, les anciens pour son respect des traditions de l'Ordre, les jeunes pour son éloquence passionnée. Tous, et même ses adversaires politiques, admirent son caractère loyal et chevaleresque. Aussi, dès l'âge de 29 ans, il siège au Conseil de l'Ordre.

 

Berryer eut comme l’écrira Mme de Janzé « cette singulière destinée de plaider presque toujours pour des vaincus. Le malheur et la faiblesse l’attiraient et lui fournissaient en même temps ces mouvements d’éloquence les plus pathétiques [..] et on le connaissait si bien que dans les camps les plus opposés, on n’hésitait pas à solliciter le secours de sa parole ».1

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Il est encore aux côtés de son père et de Dupin, quand il assiste le Maréchal Ney qui, après avoir promis à Louis XVIII de « ramener l'usurpateur dans une cage de fer », a livré son armée à Napoléon.

Pour le Général Debelle qui, pendant les 100 jours, a combattu les troupes royales, il obtient la grâce de Louis XVIII. 

Il obtient aussi l'acquittement de Cambronne, accusé par le Conseil de guerre de Paris d'avoir trahi le Roi, attaqué la France et son gouvernement, à main armée, en accompagnant Napoléon à son retour de l'Ile d'Elbe. 

 

Il plaide également de nombreuses affaires civiles. Après huit audiences retentissantes, il parvient à assurer à Verac l'héritage qu'on lui contestait. Il plaide pour le Banquier Seguin contre le Banquier Ouvrard avant tant de succès que, le lendemain, Ouvrard se présente chez Berryer et lui demande de le défendre dans ses autres procès.

 

Il défend contre Victor Hugo, qui plaide lui-même sa cause, les auteurs de la transformation en opéra de drame Lucrèce Borgia. Le poète dira : « Je n'ai jamais plus admiré qu'aujourd'hui le prodigieux talent de Monsieur Berryer »2.

D'autres plaidoyers ont un caractère particulièrement social, notamment la défense des ouvriers charpentiers.

 

En matière criminelle, Berryer obtient, après cassation, l'acquittement du Sieur Dehors condamné aux travaux forcés à perpétuité, pour incendie volontaire. Les journaux relatent une anecdote au sujet de cette affaire. Avec son fils et sa fille, Dehors vient trouver l'avocat : « Je vous dois plus que la vie, je vous dois la liberté et l'honneur », dit-il, remettant à Berryer une liasse de billets. Ce dernier la divise en deux parts égales tendant l'une au jeune homme, l'autre à la jeune fille : « Mademoiselle, voici votre dot ; Monsieur, voilà de quoi payer vos études ».3

 

Agé de 73 ans, il plaide avec fougue pour les ouvriers typographes.

           

En 1868, il est encore à la barre, quelques jours avant sa mort.

 

Notes :

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1. Janzé Vicomtesse de, Berryer – Souvenirs intimes, Paris, Plon et Cie, 1881, p.30 

2. Jacomet, Pierre, Berryer au Prétoire, Paris, Plon, 1938, p. 171

3. Peytel (Adrien). Ibid.

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